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Génétique

Gregor Johann Mendel (1822-1884) : Phylogénétique et anthropologie

  1. Gregor Johann Mendel
  2. Emprunts et survivances : les apports de la génétique
  3. Repères bibliographiques

1. Gregor Johann Mendel

Gregor Mendel est reconnu aujourd’hui comme le père fondateur de la génétique. Né en Moravie, dans l’empire austro-hongrois, il est ordonné prêtre en 1848 et suit les cours de botanique et de physiologie végétale du Pr J.C. Doppler à l’université de Vienne. Il crée un jardin expérimental dans le monastère de Saint Thomas de Brno où il entreprend des travaux sur la transmission des caractères héréditaires de plants de petits pois et la formation des hybrides. Il est à l’origine de deux termes majeurs de la génétique, dominant et récessif et des lois dites de Mendel, définissant la manière dont les gènes se transmettent de génération en génération. Mendel est un contemporain de Charles Darwin. Les de l’évolution et de la génétique coexistèrent séparément durant plusieurs décennies, avant de se compléter et s’enrichir mutuellement.

2. Emprunts et survivances : les apports de la génétique.

La génétique apporte de nos jours une pierre scientifique majeure à l’édifice des partisans des théories des survivances païennes chères aux folkloristes du 19ème siècle. Elle permet en effet de faire de la mythologie comparée une science dure, fondée sur les avancées de la génétique des populations. La linguistique avait déjà fourni de telles bases et les travaux actuels qui relient les diasporas dialectales et génétiques font l’objet de recherches du plus haut intérêt en matière d’anthropologie. L’étude des affiliations mythologiques représente désormais une nouvelle approche parallèle et complémentaire à ces évolutions des sciences sociales. Nos recherches dans ce domaine concernent tout d’abord les récits relatifs aux plantes (dont plus particulièrement les palmiers) et leur mise en perspective dans une approche d’écologie intégrative et interculturelle. La vaste famille des palmiers a en effet donné lieu à de nombreux rituels dont les religions monothéistes partagent l’héritage. Nos recherches traitent aussi du bestiaire, et notamment des créatures généralement reptiliennes, aux caractéristiques plus ou moins similaires, désignées sous le nom de dragons dans de nombreuses mythologies. Nous nous sommes plus particulièrement attachés à leur place dans l’hagiographie chrétienne en Europe à l’époque de l’évangélisation et à leurs liens à l’insularité. Les principales caractéristiques de ces créatures relèvent de leur rapport à l’eau et au feu, mais aussi de leur caractère hybride, des catégories qui pourraient relever (comme bien d’autres) d’une dimension universelle propre aux fondements cognitifs de notre espèce. Nos recherches concernent par ailleurs les aires culturelles transfrontalières où les phénomènes de contacts et d’emprunts sont plus particulièrement attestés.

3. Repères bibliographiques

D’HUY Julien 2013. Le motif du dragon serait paléolithique. Mythologie et archéologie. Préhistoire du Sud-Ouest, 2013, 21 (2), pp.195-215

Résumé. Le dragon, défini comme un animal hybride dont l’une des parties est celle d’un serpent et qui est lié à l’eau, se retrouve partout sur la planète. Nous avons étudié la façon dont les peuples imaginent le dragon en étudiant 69 traits dans 23 régions du monde. Pour ce faire,  nous avons employé des outils appartenant à la biologie évolutive (arbre bayésien, parcimonie,  NeighborNet) et aux statistiques (analyses en composantes principales, en coordonnées principales, en positionnement multidimensionnel non métrique). Ces différents outils nous ont permis de mettre en évidence l’existence d’un lien historique unissant les multiples représentations du dragon, motif dont l’évolution suit certaines des grandes migrations ayant permis le peuplement de la planète. Nous avons alors reconstruit statistiquement le proto-récit, d’abord lors de sa sortie d’Afrique, puis dans l’Europe paléolithique, et l’avons mis en parallèle avec les couleuvres acéphales découvertes dans les grottes de Montespan et du Tuc d’Audoubert. Enfin, nous avons proposé un mécanisme neuronal permettant d’expliquer la permanence du motif à travers les millénaires.

Conclusion.  Nous avons donc montré que le motif du dragon, largement répandu sur la planète, constitue un groupe généalogiquement fondé, qui remonterait aux premières migrations de l’humanité sous une forme que nous avons pu déterminer et qu’il aurait existé durant le Paléolithique supérieur européen. Cette permanence s’expliquerait par des facteurs neurobiologiques qui rendraient d’autant plus facile à mémoriser le motif, qu’il s’inscrirait dans les soubassements évolutifs de notre esprit. Notre analyse a par ailleurs montré que la méthode phylogénétique peut non seulement s’appliquer aux familles de mythes, mais également aux zoèmes qui en sont le cœur, permettant de les classifier à partir d’ancêtre(s) commun(s), d’évaluer ce qui les rapproche et ce qui les distingue (et donc de vérifier leur existence en tant que type), de reconstruire les proto-motifs, de mesurer la part d’emprunts et d’héritages dans leur histoire évolutive. Ces avancées ouvrent d’intéressantes perspectives pour comprendre à la fois le folklore des hommes paléolithiques et celui des hommes d’aujourd’hui.

HEYER É., GIBERT M. ET QUINTANA-MURCI L. 2007. Anthropologie génétique. In L’homme et sa diversité.Ed. CNRS.p. 97-108

Extrait. La comparaison des données génétiques et linguistiques peut permettre de répondre aux questions suivantes : les langues forment-elles une barrière aux échanges génétiques ? Y a-t-il des remplacements linguistiques ? Les distances linguistiques sont-elles corrélées avec les distances génétiques ? Pour comprendre dans quelle mesure les langues forment une barrière plus ou moins perméable entre les groupes humains, les généticiens ont développé des collaborations étroites avec les linguistes. Les programmes actuels de recherches en anthropologie génétique associent des collectes de données à la fois linguistiques et génétiques, notamment en Asie Centrale et en Afrique Centrale. L’Asie Centrale est une zone de contact entre deux grandes familles linguistiques ; les langues turco-mongoles et les langues indo-européennes et constitue à ce titre une région de choix pour des études pluridisciplinaires permettant de mieux comprendre l’histoire des grandes migrations humaines et des peuplements de cette région. Lien