Skip to content

Sacré/Profane

Mircéa Eliade : Sacré, profane et hiérophanie.

  1. Émile Durkheim et les formes élémentaires de la vie religieuse
  2. Les sciences sociales et l’histoire des religions
  3. Mircea Eliade (1907-1986)
  4. Repères bibliographiques
  1. Émile Durkheim et les formes élémentaires de la vie religieuse

« Toutes les croyances religieuses connues, qu’elles soient simples ou complexes, présentent un même caractère commun : elles supposent une classification des choses, réelles ou idéales, que se représentent les hommes, en deux classes, en deux genres opposés, désignés généralement par deux termes distincts que traduisent assez bien les mots de profane et de sacré. La division du monde en deux domaines comprenant, l’un tout ce qui est sacré, l’autre tout ce qui est profane, tel est le trait distinctif de la pensée religieuse ; les croyances, les mythes, les dogmes, les légendes sont ou des représentations on des systèmes de représentations qui expriment la nature des choses sacrées, les vertus et les pouvoirs qui leur sont attribués, leur histoire, leurs rapports les unes avec les autres et avec les choses profanes » (Émile Durkheim, Les Formes élémentaires de la vie religieuse, 1912. Lien

2. Les sciences sociales et l’histoire des religions

L’histoire des religions se distingue de la théologie et devient une discipline académique à la fin du 19ème siècle. Une chaire d’histoire comparée des religions ouvre ainsi au Collège de France, suivie de la création de l’Ecole pratique des hautes études religieuses, qui rejoindra la Ve section de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. Plusieurs courants coexistent, la linguistique et l’orientalisme (avec notamment Max Muller et Renan), l’école sociologique française (avec Émile Durkheim et Marcel Mauss) et l’anthropologie (avec entre autres James Frazer et Robertson Smith). Dans The Religion of the Semites (1889) Smith avance une explication des origines des rites du sacrifice, dont la consommation par le clan de l’animal totémique qui représente l’ancêtre commun. Au 20ème siècle des approches psychologiques voient le jour (dont Sigmund Freud avec Totem et Tabou).

3. Mircea Eliade (1907-1986)

Mircea Eliade est un historien des religions originaire de Roumanie, dont l’œuvre a eu un grand impact dans l’histoire moderne des religions. Après une licence de philosophie à la faculté de philosophie et lettres de l’université de Bucarest, il part en 1928 en lnde pour préparer un doctorat à l’université de Calcutta. Il élaborera par la suite une vision comparative des religions d’une grande ampleur. A la suite de Durkheim, qui oppose le domaine du sacré, que les interdits protègent et isolent, à celui du profane auquel ces interdits s’appliquent mais doivent rester à l’écart des premières, Eliade situe cette opposition au centre du fait religieux. En 1945, après une histoire chaotique, il s’installe à Paris où Georges Dumézil l’invite à la Ve section de l’École pratique des hautes études pour y présenter les premiers chapitres de ce qui deviendra plus tard son Traité d’histoire des religions.

Le concept de hiérophanie. Le sacré se manifeste sous une multitude de formes: rites, mythes, symboles, homme, animaux, plantes, etc. qualitativement différentes du profane. La hiérophanie désigne l’irruption du sacré à travers le monde profane. Pour Mircea Eliade, «l’histoire des religions, des plus primitives aux plus élaborées, est constituée par une accumulation de hiérophanies […]. L’occidental moderne éprouve un certain malaise devant certaines formes de manifestations du sacré : il lui est difficile d’accepter que, pour certains êtres humains, le sacré puisse se manifester dans des pierres ou dans des arbres. Or, […] il ne s’agit pas d’une vénération de la pierre ou de l’arbre en eux-mêmes. Les arbres sacrés ne sont pas adorés en tant que tels ; ils ne le sont justement que parce qu’ils sont des hiérophanies, parce qu’ils “montrent” quelque chose qui n’est ni pierre ni arbre, mais le sacré, le ganz anderes.» Lien

4. Repères bibliographiques

Mircea ELIADE 1957. Le sacré et le profane. Paris, Gallimard. Texte intégral. Extrait. «Le sacré et le profane constituent deux modalités d’être dans le monde, deux situations existentielles assumées par l’homme au long de son histoire. Ces modes d’être dans le Monde n’intéressent pas uniquement l’histoire des religions ou la sociologie, ils ne constituent pas uniquement l’objet d’études historiques, sociologiques, ethnologiques. En dernière instance, les modes d’être sacré et profane dépendent des différentes positions que l’homme a conquises dans le Cosmos ; ils intéressent aussi bien le philosophe que tout chercheur désireux de connaître les dimensions possibles de l’existence humaine.» Lien

Philippe BORGEAUD 1994. Le couple sacré profane. Genèse et fortune d’un concept opératoire en histoire des religions. Revue de l’histoire des religions Année 1994 Volume 211 Numéro 4 pp. 387-418. Extrait: Le couple sacré/profane, entendu comme outil conceptuel permettant d’isoler certains phénomènes et de permettre ainsi leur analyse dans le cadre d’une histoire des religions, apparaît comme le fruit d’une genèse récente, que l’on peut dater, sous sa forme écrite, de la parution du texte de Durkheim sur « La prohibition de l’inceste et ses origines » (1898). «Les choses sacrées sont celles que les interdits protègent et isolent, et les choses profanes étant celles auxquelles ces interdits s’appliquent et qui doivent rester à l’écart des premières. La relation (ou l’opposition, l’ambivalence) entre Sacré et Profane est l’essence du fait religieux.» La présente étude s’efforce de montrer d’où il est issu, et comment il en vint à jouir aussitôt (et pour longtemps sans critique) d’un statut d’évidence dans le champ des recherches phénoménologico-théologiques aussi bien que dans celui des enquêtes qui se réclament de l’héritage sociologique. Lien

Daniel DUBUISSON 2005. Impostures et pseudo-science. L’œuvre de Mircea Eliade. Nouvelle édition [en ligne]. Villeneuve d’Ascq : Presses universitaires du Septentrion. Extrait : Depuis une vingtaine d’années, et spécialement aux USA, une meilleure connaissance et une meilleure compréhension de la personnalité, de la vie et de l’œuvre de Mircea Eliade (1907-1986) ont suscité de très vives discussions qui ont à leur tour occasionné de nouvelles enquêtes et controverses. L’auteur du présent ouvrage a participé de très près à ces débats en établissant dès 1993 que l’œuvre de celui que l’on a considéré parfois comme le plus «grand historien des religions du xxe siècle», se nourrissait en fait de thèmes qui empruntaient eux-mêmes beaucoup au fascisme et à l’antisémitisme roumains des années trente, à l’ésotérisme contemporain (Guénon, Evola, Coomaraswamy) ainsi qu’au gnosticisme antique. Le présent ouvrage reprend, dans une version revue et sensiblement augmentée, l’ensemble de ces enquêtes pour lesquelles une introduction et une conclusion inédites ont été composées. Lien

Linka 2010. Le sacré et le profane. Nous nous proposons dans cette rubrique de poster certains articles (ou fragments) publiés dans d’autres blogs ou ailleurs en ligne se rapportant de près ou de loin à l’analyse chronotopique. L’article ci-dessous (non signé par l’auteur du blog dont il est issu) est basé sur les travaux de Mircéa Eliade. Sommaire : L’espace sacré, Cosmogonie, Axis et Imago Mundi, La maison et le temple, La nostalgie du paradis, Le temps sacré et les mythes, Temps sacré et temps profanes, Rites du Nouvel An, réactualisation, La morphologie des scénarios rituels périodiques, Temps et Mythes, Temps Historique, Nostalgie de l’éternité, Morphologie et fonction des mythes, Coïncidence des contraires, Une opposition classique: l’androgynie, La structure des symboles, Hiérophanies, Ambivalence du sacré, Infantilisation des symboles, Existence humaine et vie sanctifiée, Rites de passage et initiation. La mort rituelle, Le sacré et le profane dans le monde moderne. Lien

Projet Bioarchive : http://bioarchive.listephoenix.com/1-sacre-profane/