Skip to content

Hagiographie

Louis Réau (1881-1961) et les traditions populaires chrétiennes

  1. Le culte des saints dans les traditions populaires
  2. Les théories calendaires des survivances païennes
  3. Repères bibliographiques
  1. Le culte des saints dans les traditions populaires

De très anciennes recensions folkloriques remontent au moyen âge avec notamment la Légende Dorée de Jacques de Voragines qui rassemble des traditions populaires chrétiennes relatives au culte des saints. Louis Réau étudia la langue et la culture russe à l’École des langues orientales vivantes. Il débute sa carrière en 1911 à l’Institut français de Saint-Pétersbourg, dont il est directeur. Entre 1930 et 1938 il dirige l’Institut français de Vienne puis devient professeur d’histoire de l’art du Moyen Age à la Sorbonne de 1938 à 1951. En 1946, il devient par ailleurs membre de l’Académie des Beaux-arts de l’Institut de France. Son Iconographie de l’art chrétien, forte de six volumes, concerne les modèles iconographiques chrétiens et leur diffusion. Elle englobe l’ensemble de l’Europe, y compris l’Europe orientale et les églises d’Orient. En ce qui concerne l’hagiographie, ses notices contiennent un grand nombre d’éléments folkloriques, comme les patronages des saints, la nature de leur dévotion, les légendes les concernant, les lieux de leur culte ou encore leurs attributs. Lien

2. Les théories calendaires des survivances païennes

Le calendrier liturgique chrétien rythme le déroulement de l’année au travers des fêtes des saints. Il s’agissait le plus souvent de fêtes patronales auxquelles étaient associées divers types de rituels. Un grand nombre de ces fêtes prennent toutefois place dans des computs calendaires solaires ou luni-solaires. Ces fêtes et les traditions populaires qui leur sont associées ont ainsi été considérées par les premiers folkloristes comme des survivances d’antiques coutumes et croyance païennes. Ils ont notamment cherché à les mettre en relation avec d’autres calendriers. Par la suite, les vastes enquêtes menées en Europe tendraient plutôt à réduire leur signification à la seule dimension du christianisme et à des rites agraires calendaires propres à des sociétés essentiellement rurales.

Le comput calendaire solaire de Noel et le solstice d’hiver. Dans la liturgie catholique le cycle dit de l’Avent, précède la fête de Noël (25 décembre). Un cycle mineur, dit cycle des 12 jours s’intercale ensuite entre Noel et la fête de l’Epiphanie laquelle célèbre le baptême du Christ le 6 janvier. Le cycle majeur qui suit Noel est à nouveau un cycle de 40 jours, qui conduit à la Chandeleur le 2 février, commémoration de la Présentation de Jésus au Temple. Ces deux cycles de 40 jours situés avant et après Noel encadrent en fait le solstice d’hiver. L’Avent précède ainsi la nuit la plus longue, celle du solstice. Les jours commencent ensuite à s’allonger et la Chandeleur annonce la réapparition du soleil de printemps.

Le comput pascal lunisolaire et l’équinoxe de printemps. En ce qui concerne la fête de la Pâque, un comput similaire est lié cette fois à l’équinoxe. Les 40 jours de Carême précèdent ainsi la Pâque et un cycle de 40 jours qui la suite mène ensuite à l’Ascension. La dimension cyclique est ici très explicite car le Christ nait, meurt et ressuscite. La date de la Pâque relève toutefois d’un calendrier lunaire. Elle se tient plus précisément le dimanche suivant la pleine lune de l’équinoxe de printemps.

Les cycles festifs de traditions populaires. Le cycle populaire des fêtes de Carnaval relève au moyen âge de celui des fêtes de Pâques. Le Carnaval prend ainsi fin avec le début du Carême, soit 40 jours avant la Pâque, lors du Mardi Gras. L’Ascension, 40 jours après la Pâque, inaugurait un autre cycle populaire, celui des fêtes de mai, puis à partir de la Saint-Jean à la fin du mois de juin, une quarantaine redoutable, celle de la Canicule, laquelle durait jusqu’au 1° août. Les travaux agricoles étant alors terminés, ce rythme calendaire populaire ne reprenait qu’avec la Saint-Martin, le 11 novembre, autrefois suivie d’un Carême qui préludait à la Noël.

3. Repères bibliographiques

ALBERT Jean Pierre 1988. Nature et calendrier. Questions de méthode. Nature et calendrier. Questions de méthode, Oct 1988, Montpellier, France. pp.49-64. Extrait. Aborder la question des croyances calendaires en pays chrétien revient, pour une large part, à mettre le calendrier liturgique en relation avec d’autres cycles temporels, d’autres calendriers fondés sur les rythmes cosmiques ou les grandes scansions de l’activité des hommes. L’histoire de l’ethnologie de l’Europe est marquée par la multiplicité (et l’abandon en général assez rapide) de vastes théories du calendrier. On le comprend fort bien, car le problème offrait une belle carrière aux deux problématiques les plus typiques dans le champ des sciences humaines du XIXe siècle finissant (encore bien vivantes, au demeurant, à la fin du XXe) le naturalisme et la théorie des survivances. Lien

FOURNIER Laurent Sebastien 2004. Le patrimoine, un indicateur de modernité. A propos de quelques fêtes en Provence. Ethnologie française. 2004/4 Vol. 34 | pages 717 à 724. Extrait. On envisage ici le cas de la «patrimonialisation» des fêtes locales en Provence, en montrant qu’elle constitue un indicateur de modernité. La comparaison entre fêtes votives, de confréries et thématiques plus récentes, permet de classer les fêtes en fonction de leur dimension patrimoniale plus ou moins affirmée. Ce classement contribue à mettre en perspective les notions de tradition et de patrimoine, et permet de relier les fêtes aux étapes successives de la construction historique des identités culturelles locales. Lien